Belles aux bois dormants

  • Musée Saint-John Perse 9 rue Nozières, Pointe à Pitre
  • Du 26 janvier 2019 au 24 mars 2019

Belles aux bois dormants d'Alain André et Lucien Abon. Regards croisés de deux plasticiens sur un patrimoine à préserver.

L’EXPOSITION

Depuis les années 90, deux hommes, chacun de leur côté, nourrissent une même passion pour l’architecture traditionnelle guadeloupéenne. Tous deux s’arment de leur appareil photo pour collecter minutieusement les images et détails de ces belles maisons créoles souvent abandonnées.
Face à l’urgence des métaux rouillant, des pierres s’effritant et des bois dormant, ils dessinent et maquettent ces vieilles demeures afin d’en garder un témoignage et de mettre en lumière le raffinement des décors, l’ingéniosité des structures et le savoir-faire des artisans guadeloupéens.
Loin de créer des façades et des maquettes d’un type créole standardisé, Alain André reproduit quasiment à l’identique les maisons qu’il photographie depuis 25 ans, des maisons qui trop souvent ont entre-temps disparu. L’hyper réalisme de ses oeuvres vient de son souci de la précision et de son respect de l’imperfection : tôle rouillée et tordue, persienne décolorée, essente manquante, bois vermoulu et peinture affadie sont autant de détails imparfaits qui retranscrivent la réalité et la beauté de l’habitat créole.
Exécutés d’après photo, avec un trait doux et précis, les dessins de Lucien Abon nous transmettent toute la réalité de ces vieilles maisons d’aujourd’hui, tout en faisant paraître le mirage d’une époque révolue. Passionné par son sujet, il questionne voisins et habitants, et écume bibliothèques et archives à la recherche d’informations passées et d’éléments iconographiques. C’est ainsi avec une grande précision historique et architecturale qu’il met en lumière les façades anciennes et leur redonne leur âme d’antan.
Avec cette exposition, le musée Saint-John Perse tient à rassembler deux regards passionnés, celui de Alain André le maquettiste, et celui de Lucien Abon le dessinateur, et présente aux visiteurs la symbiose évidente entre ces deux discrètes et minutieuses démarches artistiques.
L’exposition se tiendra du 26 janvier au 24 mars 2019,au musée municipal Saint-John Perse.
 

ALAIN ANDRE

Né en 1956 à Saint-Claude, Alain André quitte son île natale avec ses frères et soeurs pour accompagner leur mère partant travailler à Paris dans le cadre du BUMIDOM. C’est à Paris qu’il grandit et fait des études d’ajusteur mécanicien, un apprentissage des outils, de la minutie et du travail de précision que nous retrouvons aujourd’hui dans ses oeuvres.
En 1976, il rentre en Guadeloupe pour effectuer son service militaire, ce premier séjour le marque profondément et exacerbe sa passion pour la photographie et la richesse de l’architecture créole.
En 1994 après le passage du cyclone Hugo, alors âgé de 38 ans, il revient en Guadeloupe et découvre une terre dévastée où tout est à reconstruire : il décide de ne plus repartir. Depuis ce jour, appareil photo à la main, il parcourt l’ile et conserve par ses photographies une trace des innombrables cases et maisons qui témoignent de l’histoire de l’île et de sa population.
Passionné par cette architecture guadeloupéenne, souffrant de constater impuissant la disparition de l’habitat traditionnel, il se lance alors dans le maquettisme. Il reconstruit avec un réalisme absolu, cases créoles, maisons de villes et habitations, en utilisant les mêmes matériaux (bois locaux, fer, zinc…) qu’il récupère ici et là.
Artiste autodidacte, Alain André confie avoir tout appris de sa vie : de sa formation initiale, aux maquettes de jouets qu’il créait pour ses enfants, à sa passion pour l’architecture créole malmenée par le cyclone Hugo…
Sa grande curiosité l’a poussé perpétuellement à comprendre comment étaient bâties ces maisons, quel était l’intérêt d’une technique de menuiserie par rapport à une autre, ou encore, les caractéristiques architecturales propres à chaque ville et chaque recoin de Guadeloupe.

LUCIEN ABON

Né en 1974 à Saint-Claude, Lucien Abon s’envole en 1992 pour la métropole où il obtient son diplôme d'architecte d'intérieur en 1998 à l'École des Beaux-arts de Toulouse, après un passage à l'École des Beaux-arts de Marseille-Luminy.
Après une année sur les bancs de l'École des Arts de la Sorbonne, il rentre en Guadeloupe en 1999 pour effectuer son service militaire au Camp Dugommier de la Jaille, et c’est pour tromper l’ennui et s’évader de ses obligations militaires qu'il photographie des maisons aux quatre coins de La Pointe et commence à remplir ses carnets à dessins de croquis de maisons remarquables de la ville.
Après son service militaire, il enseigne les Arts Plastiques au collège durant toute une année avant de revenir à son premier amour : l’architecture.

De retour à Paris, il collabore avec des agences d’architecture intérieure sur des projets de rénovation d’Hôtels: la rénovation de l’Hôtel Carlton à Cannes, le Waldorf Astoria de Berlin, ou encore la rénovation de l’Hôtel de Masseran à Paris (propriété de la République de la Côte d’Ivoire).
En plus de l’architecture, il évolue dans un milieu artistique qui l’enrichit ; les arts plastiques et la photographie sont des champs qui façonnent sa personnalité… Il fréquente pendant un temps l’Atelier de La Grande Chaumière en parallèle de ses activités professionnelles, une manière de rester en contact avec les Beaux-Arts.
«Temporary local» dans l'âme, il collabore sur divers projets d'architecture en Guadeloupe depuis 2016. Toujours plus passionné par l’histoire des Antilles et de l’architecture créole, c’est naturellement qu’il fait des maisons traditionnelles de Pointe-à-Pitre son sujet de prédilection. C’est au cours de ses explorations urbaines qu’il sélectionne et photographie les bâtisses dont il tente de faire revivre, à la pointe de ses porte-mines, l’élégance des vieilles façades.

RENCONTRES & CONFERENCES

Il y aura tout au long de la durée de cette exposition :
• Des rencontres avec les scolaires
• Deux conférences