Sargasses à Terre-de-Bas : chronique d'une opération de com'

le DIMANCHE 14 JUIN 2015

Après la menace de la grève de la faim du maire de Terre-de-bas, le président de Région accompagné d'une délégation était sur place vendredi 12 juin. 
 
Tous les médias ont été émus par le ras-le-bol exprimé ce 08 juin par Emmanuel Duval, Maire (PS) de Terre-de-Bas qui, face camera, avec en arrière-plan la Baie de Grande Anse recouverte de sargasses, accuse l'Etat d'être sourd à ses appels à l'aide. Et de préciser: "c'est avec plaisir que je ferai la grève de la faim jusqu’à que mort s'en suive" l'ultimatum devait prendre fin ce lundi et la menace mise à exécution en cas d'inaction de la part des autorités.
 
Trois jours plus tard, le service communication de la région conviait la presse à venir nombreuse à Terre-de-Bas où le Président Victorin LUREL se rendra ce vendredi matin à 09h00 accompagné d'une délégation régionale, afin de coordonner une opération spécifique de sargasses. 
L’exécutif régional de préciser: "qu’en soutien aux communes qui ont l’obligation d’organiser le ramassage de ces algues brunes, la Région Guadeloupe s’adjoint tout particulièrement des services d’un prestataire pour la collecte et l’entreposage algues."
 

Pour seul outils des râteaux et des brouettes

Rappel de la problématique des Sargasses à Terre de Bas:
Déjà présente en juillet 2014 sur les côtes de l'île, ce n'est réellement qu'en début octobre que la plage de Grande Anse (principal lieu touristique de Terre-de-Bas) et le port des Mûriers (unique accès maritime), ont été envahis par des nappes de plus en plus grosses et surtout une accumulation d'algues en putréfaction sur les berges de plus en plus grossissante.
Ces deux sites étant habités, la population, devant l'irritabilité des gaz dégagés par cette pourriture, a été rapidement inquiète pour sa santé.
C'est à cette date que des dizaines de bénévoles, tous les dimanches matins, avec pour seul outils des râteaux et des brouettes ont entrepris le nettoyage de leur plage.
 
Depuis des mois les employés municipaux et les bénévoles travaillent sans mécanisation ni protection.

Le 33 ème RIMA est venu prêter main forte à la population pendant trois jours en Octobre.
 
De leur côté, les employés communaux, avec les mêmes moyens archaïques, s'occupaient du désengorgement du port des Mûriers.
Huit mois que ça dure! Huit mois qu'aucun moyen de ramassage mécanique n'est utilisé, seul un camion de la commune se charge de récupérer les sargasses et les verser en vrac et en tas sur le bas-côté de la route dite du Sud, unique accès au Bourg et qui surplombe la magnifique Grande Baie.
Une puanteur suffocante sur plus d'une centaine de mètres, pour les habitants et les quelques touristes qui empruntent ce parcours, à la vue exceptionnelle sur la Dominique.
Pourtant Terre-de-Bas à connu un peu de répit. Trois jours d'abord, fin octobre,  avec le renfort d'un détachement du 33 ème Régiment d'Infanterie de Marine (RIMA).
Il y a eu aussi le mois béni de février, quand les sargasses sont parties en une  nuit pour malheureusement revenir deux semaines plus tard tout aussi mystérieusement.
Un véritable travail de forçat.

Un "Pourquoi" qui se transforme en un "comment on en est arrivé là ?"

C'est la question que se posent les habitants de Terre-de-Bas, qui à bout de nerfs et désespérés se sentent abandonnés de tous à leur triste sort. Pourquoi sont-ils obligés de travailler comme au siècle dernier pour nettoyer leur île ?
Quelques éléments de réponses ou plutôt de pistes de réflexion. En France, la Loi encadre clairement l'action publique (qui, doit faire quoi).
Le 30 Avril, la préfecture (dont s'est fait écho le Conseil Régional pour l'affaire des sargasses à Terre- de-Bas) à rappeler que le ramassage et le stockage des sargasses étaient de la compétence des communes. 
Pour ce qui est de la responsabilité de l'Etat, le préfet a mobilisé les services de l’Etat en rapport avec l'invasion des sargasses (NDLR: scientifiques, spécialistes, analystes, services de santé, etc.) 
La préfecture de préciser: " Il ressort des investigations que le ramassage des Sargasses doit se faire dans les plus brefs délais.
Ce ramassage est de la responsabilité des communes. Conscient de la difficulté que rencontrent les communes pour faire face à cette invasion, le préfet a également sollicité les présidents des communautés de communes et d’agglomération afin d’appuyer l’action des Mairies par :
- La mise à disposition de personnel ;
- La mise à disposition de matériel adapté au ramassage.
Le 02 Juin, Emmanuel DUVAL a demandé à ses collègues de la CASBT (communauté de communes du Sud Basse-Terre), de l'aide pour enlever les sargasses sur le territoire de sa commune. Le Conseil en présence du Maire de Terre-de-Bas, votait après délibération, l'envoi de camions et d'engins de nettoyage au plus vite sur l'île. 

Lucette Michaud-Chevry : "Ce qui n'est pas correcte de la part du Maire de Terre-de-Bas, c'est qu'il savait que notre décision était prise quand il a fait appel à la Région".

Lucette Michaud-Chevry, la Présidente de la CASBT, d'expliquer les délais d'attente entre la décision votée et l'envoi effectif du matériel: "C'est uniquement  le vendredi 12 Juin que le prestataire a été désigné afin de respecter les délais imposés par la procédure de marchés publics pour la désignation d'un prestataire privé.  Ce qui n'est pas correcte de la part du Maire de Terre- de- Bas, c'est qu'il savait que notre décision était prise quand il a fait appel à la Région. S'il nous avait prévenus, on aurait pu faire une opération de concertation avec la Région pour être beaucoup plus efficaces pour Terre-de-Bas."
 
Le 04 Juin, suite à une réunion en préfecture pour coordonner le travail des différents acteurs autour d'une réponse adaptée au problème des sargasses en Guadeloupe,  le Préfet a expliqué: " Il s’agit aujourd’hui de conforter l’action des communes. Nous ne pouvons pas les laisser agir seules face aux sargasses et j’en appelle à la solidarité. Cette solidarité doit d’abord s’exercer à l’échelle des agglomérations avec un maître mot : mutualiser les moyens.  Un protocole d’engagement, un projet de protocole d’engagement des acteurs autour des mesures opérationnelles sera rédigé par le préfet d’ici la fin de la semaine et proposé aux élus (le 12 Juin). Une seconde réunion du comité de suivi opérationnel des sargasses se tiendra la semaine prochaine."
 
05 Juin, la Nappe de sargasses géante s'échoue sur la plage de Grande Anse.
Le 08 Juin, Emmanuel DUVAL, lance son appel à la télévision.
Le 11 Juin, alors que le Conseil Général fait nettoyer le port des Mûriers qui dépend de lui, le Conseil Régional annonce l'arrivée du Président LUREL à Terre-de-Bas le lendemain.
La plage de Grande Anse cinq minutes avant l'arrivée de l'équipe de journalistes.
 
Silence on tourne ! Entrée en action des engins d'une entreprise de Terre-de-Bas qui n'a jamais été sollicitée pour nettoyer la plage avant ce jour. 

Devant caméras et journalistes

Ce vendredi, les engins à l'heure prévus pour l'arrivée de Victorin Lurel et sa délégation,  les engins publics d'une société de Terre-de-Bas entrent en action, trois jeunes prennent des fourches devants les objectifs des journalistes, pendant qu'un camion, toujours de la même société, charge les algues pour les déverser, non plus sur la route du Sud, mais sur le terrain dit des Eoliennes où elles seront étalées conformément aux prescriptions des procédures.  
 
La population elle aussi était présente sur les lieux, en tout cas une partie d'entre-elle. 
 
 
 
Entrent en scène trois jeunes hommes en tenue d'employés municipaux… un peu gauches dans la manipulation des fourches mais parfaits pour les photos… dommage que l'on n'est pas fait appel aux "Anciens" ceux que l'on voit travailler tous les jours aux Muriers, quel que soit le temps, le geste et la posture auraient été plus naturels.
 
Le Président de Région, Victorin Lurel arrive avec sa délégation en fin de matinée. Il est accueilli sur la plage par quelques Dames de la municipalité à gauche sur la photo.
 
 
Une débauche de moyens tout d'un coup et des solutions miraculeuses mais tardives qui choquent ceux, qui ont dû se battre à la main pendant des mois.
 
Colbert Belenus, Bénévole de l'association "Terre-de-Bas Sa Nous Toutes", actif défenseur de l'environnement et des traditions de son île, dans l'eau tous les dimanches… depuis le début, pour ramasser les sargasses de Grande Anse, ne décolère pas devant le spectacle…

Il n'aura pas l'occasion de pouvoir s'approcher du Président pour s'exprimer… 


Séance interview face aux engins en mouvement.

Hilaire Brudey, fraîchement élu Premier secrétaire Fédéral du Parti socialiste faisait aussi parti de la délégation.
C'est dans la boite !
 

Le temps des réponses.

-Pourquoi le Maire de Terre-de-Bas a demandé l'aide exceptionnelle de la Région alors que celle  de la CASBT était déjà actée depuis plusieurs jours?
-Pourquoi cette intervention télévisée alors que l'Etat par le biais de son représentant avait déjà pris les mesures Ad'hoc pour la région Guadeloupe dont fait aussi partie Terre-de-Bas?
-Pourquoi la municipalité n'a-t-elle pas mis en place une solution mécanisée pour nettoyer la plage de Grande Anse, alors que c'était de son ressort et que la plage ne tombait pas sous une restriction environnementale de l'aveu même de la Directrice de l'environnement du Conseil Régional ?
-Pourquoi le site des éoliennes n'a pas été utilisé les mois précédents, alors que les tas déposés sur le bas-côté de la route du Sud étaient contraires, si ce n'est aux procédures, tout au moins au bon sens ?
-Pourquoi ne pas avoir acheté des EPI (Equipement de Protection Individuelles) pour protéger les bénévoles et les employés municipaux, qui ont passé des semaines dans les émanations de gaz ?
-Pourquoi ne pas avoir acheté des engins pour enlever mécaniquement les sargasses dans le port et sur la plage afin d'abréger les souffrances des riverains et de ceux, qui travaillaient à la main pour enlever les sargasses ?
-Pourquoi la commune n'a pas pris les mesures pour enlever elle-même les sargasses comme lui impose ses prérogatives, alors que son compte administratif 2014 affichait un excédent de plus de 452 000 €, ne la classant pas de fait, dans la liste des communes de Guadeloupe les plus en détresse financièrement?
Ces questions resteront posées, n'ayant pas eu de réponse.

OGF www.Lessaintes-resa.fr

 

KLIPFEL

avatar

Bonjour,

des solutions :
1°) Ramassage des algues sargasses en haute mer
http://www.h2osmose.com/sargasses/

2°) Ramassage des algues sargasses sur la cote
http://www.h2osmose.com/sargasses/local/

3°)Valorisation des algues sargasses
http://www.h2osmose.com/sargasses/valor/

cordialement