Paroles de Sourds

le VENDREDI 10 AVRIL 2009

Le Serac (Sourds entendants recherche action communication) de Guadeloupe vous convie à découvrir  l’exposition de photographies « Paroles de Sourds » organisée en partenariat avec le photographe Charles Chulem Rousseau. Exposition du 10 avril au 9 mai 2009- De 9h00 à 17H00 du lundi au vendredi  et le samedi de 9H00 à 12H00 au Musée Saint-Jonh Perse (Pointe-à-Pitre)

Les sourds de Guadeloupe demande la reconnaissance de leur singularité.
« Paroles de Sourds » :Un siècle d’interdiction, suite à une décision prise lors du congrès international des éducateurs pour sourds, sous la pression de lobbying des firmes pharmaceutiques et de scientifiques à milan en 1880.
La langue des signes serait nocive pour les sourds, qu’elle les contraignait à s’isoler, à rester entre eux, elle contrariait l’acquisition de la parole. Il fallait appliquer une nouvelle méthode plus scientifique, clinique, la méthode oraliste, que la France maintiendra jusqu’au début des années 1980.
La France qui fut pourtant pionnière dans l’enseignement de la langue des signes, par le biais de l’abbé de l’EPEE, qui associât un système de signe « méthodiques » (la langue des sourds de Paris) et la grammaire française « signée », ouvrit la première école de sourds en 1755. Sous la révolution, cette école devient en 1791 l’Institut National des Sourds-Muets de Paris. Les révolutionnaires voyaient dans cette langue la future langue universelle.
En à peine un siècle, on est passé de la langue universelle à la langue des signes comme langue archaïque, langue ghetto, langue handicap.
Il faudra attendre la Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, mettant en exergue le principe d’accessibilité généralisé pour toutes les minorités. La participation et la citoyenneté deviennent, une condition primordiale pour permettre à tous d’exercer les actes de la vie quotidienne et de participer à la vie sociale de la cité. Cette Loi censée favoriser la promotion sociale, professionnelle et culturelle des personnes sourdes (entres autres), semble être inconnu du plus grand nombre de nos concitoyens.
Fort de ce constat, comment expliquer qu’être sourd c’est, être un citoyen à part entière. Que l’existence d’une véritable culture sourde est intimement liée, à la possibilité de s’exprimer en une langue commune.
Ce sont de véritables langues visuelles et pas de simples traductions de langues orales en gestes. Elles ont leur propre syntaxe. La langue des signes développe énormément le champ visuel puisque c’est une langue spatiale. La sensibilité sourde se caractérise par un hyper développement visuel. Quand on est sourd, on développe une autre conscience du corps. C’est le corps qui sent les choses. La langue des signes est une langue expressive. Quand il parle un sourd doit rejouer la scène, l’expérience qu’il a vécu, jouer tous les rôles, exprimer le vécu «physiquement» contrairement à la culture Entendant.
Les juger en les réduisant à leur singularité serait c’est comme comparer la culture francophone à la culture anglophone se traite-t-on mutuellement d’ handicapé sous prétexte que nous ne parlons pas la même langue.
Où sont les accueils dans les administrations, les lieux de cultures, les possibilités d’embauche promis par la Loi du 11 février 2005.
Être sourd c’est le seul cas où l’on ne parle pas la même langue que ses parents, à moins que ceux-ci soient sourds. Soit l’enfant est dans un lieu où il a la possibilité d’être avec d’autres sourds et donc développe ses capacités mentales et langagières soit il est isolé et a de grandes chances alors d’être mis à l’écart et traité comme un déficient mental. Alors qu’il y a un univers sensoriel, un rapport au monde spécifiquement sourd.
À l’image du peuple Guadeloupéen qui revendique la refonte du système qui régit la Guadeloupe, les sourds de Guadeloupe demande la reconnaissance de leur singularité.
Biographie de Charles Chulem Rousseau:Né le 25 octobre 1970, deux ans études à la MJM de Rennes où il assiste le photographe Thierry PASQUIER pendant 1 an ; puis stagiaire à l’agence VU il fait une rencontre déterminante avec Antoine D’AGATA.
IL travaille pendant 7 ans en laboratoire photo argentique puis numerique
Il est primé lors du concours des assistants Profoto en 2002, couvre la manifestation alter mondialiste contre le G8 à GENES qui lui vaut des parutions dans les quotidiens italiens.
(L’Expresso, Il Seculo XIX, IL Manifesto…)
En 2005 il s’installe en Guadeloupe ou il expose après sa 1e année un carnet de voyage à la médiathèque de Pointe-À-Pitre. Puis, avec un collectif d’artistes, il expose une série « singularité » sur les panneaux publicitaires où il transpose le message publicitaire par des images plus réel plus proche de nous. Il publie en collaboration avec la photographe Agnes Dahan différents portraits de jeunes guadeloupéens dans les magazines internationaux Clam et Trace.