Sinébokantaj : « histoire et identité »

  • Médiathèque du Lamentin, Lamentin
  • Le 21 mai 2010
  • 17H00

An tout sòs concept et la Médiathèque du Lamentin présentent : Sinébokantaj : « histoire et identité »
Samedi 22 mai 2010 – Médiathèque du Lamentin
Programme Sinébokantaj
Thème : « histoire et identité » 22 mai 2010 – Médiathèque du Lamentin
17h00 Introduction Allocution introductive sur le thème « Histoire et identité » du Maire José Toribio ou de son représentant « La politique de communication des documents des archives départementales » par Anne Lebel, directrice des archives départementales de la Guadeloupe.
Présentation du concept et du déroulé de la manifestation par Kareen Fleming, présidente An tout sòs concept.
Visite de l’exposition « Les noms de l’abolition » commentée par M.Guillou de la médiathèque du Lamentin Comme son nom l’indique, elle porte sur les noms, prénoms et matricules des hommes recensés aux Antilles lors de l’abolition de l’esclavage, en 1848. Grâce à un travail généalogique de titans mené durant dix ans par des associations, près de 26 000 noms ont été retrouvés.
18H00 – 21H30 Sinébokantaj « istwa é idantité »
Projection du film « Le premier jour » de  Luc de Saint Sernin (22mn) Les Antilles, en 1848, quelques mois après l’abolition de l’esclavage : un officier de l’état civil du ministère des Colonies est chargé d’attribuer un nom de famille à une soixantaine d’esclaves affranchis...
Projection du film « Le pays à l’envers » de Sylvaine Dampierre.(1h30) "L'enfant sans mémoire ne chiera jamais dur", dit un proverbe peulh. Tous ceux que Sylvaine Dampierre rencontre lors de ce voyage retour en Guadeloupe lui confirment cette sagesse africaine, ce qui l'engage à sous-titrer son film : "la mémoire est un gage d'avenir". Mais en Guadeloupe, la mémoire c'est l'esclavage et la colonisation. C'est là que le bât blesse, cette mémoire meurtrie, cette mémoire honteuse qui se soustrait à elle-même, qui ne veut pas dire son nom. Alors, le nom sera le point de départ. Magnifique début du film où le fils de Sylvaine Dampierre lui demande le sens du voyage tout en caressant une plante qui pousse, et où elle répond qu'elle revient au pays où l'on connaît son nom. Son père en est parti, 50 ans plus tôt, et ses souvenirs simplement retrouvés mais aussi les vidéos qu'il a tournées ponctuent le film de pures émotions. Seulement voilà, qui connaît son nom dans cette île où les noms sont des prénoms car on n'attribuait pas de nom aux esclaves, de peur de leur donner le même nom qu'un maître ? Un étonnant généalogiste autodidacte, Michel Rogers, fait un travail colossal et souterrain sur les patronymes des familles noires. Il en a retrouvé près de 8000 et en estime le nombre à 10 000. Mais lorsqu'une famille réunie lui demande de faire ce travail, il prévient : cela veut dire retourner à l'esclavage, pas d'illusion ! "Le Guadeloupéen est né sous X", lance-t-il, car sa remontée dans le temps se termine toujours par "né en Afrique" ou "père inconnu". "Nous sommes locataires ici, y compris de notre nom, qui n'est pas le nôtre". (…) Ce puzzle de mémoire à l'envers est un miroir qui restaure une image de soi, un exil qui remonte le fil du temps, un regard qui s'ancre dans l'écoute des corps. Ce beau film est un guide pour remettre son nom à l'endroit.
Bokantaj animé par Kareen Fleming :Echange sur le thème “histoire et identité” avec le généalogiste Michel ROGERS, généalogiste, les historiens Raymond Boutin et Gérard Lafleur et la chercheuse Josette Dacalor, spécialiste en patronymes d’origine africaine.
Raymond BOUTIN :Né à Pointe-à-Pitre. Il est historien, docteur ès lettres, professeur agrégé d'histoire et de géographie au lycée Gerville- Réache en Guadeloupe., il grandit à Petit-Canal et c'est naturellement qu'il consacre à cette commune un ouvrage intitulé Petit-Canal, une commune de la Guadeloupe au xixe siècle. Spécialiste de la démographie historique, il a publie deux ouvrages à partir de sa thèse consacrée à l'évolution de la population guadeloupéenne La population de la Guadeloupe de l'émancipation à l'assimilation (1848-1946) et Vivre ensemble en Guadeloupe – (Editeur ) : Ibis Rouge).
Gérard LAFLEUR Né le 9 août 1943 à Bougie (Algérie). Il est l'auteur d'une thèse intitulée Minorités religieuses aux Antilles françaises du vent sous l'Ancien Régime, d’un livre consacré à l’immigration syrienne et libanaise en Guadeloupe ainsi que de plusieurs ouvrages sur l’histoire des communes de Guadeloupe (Bouillante, Saint-Claude…). Après avoir enseigné en Kabylie et au Sahara dans la région de Touggourt, il rejoint Bouillante (Guadeloupe) en 1972, puis, en 1982, il est nommé professeur au lycée Gerville-Réache de Basse-Terre.
Depuis 1980, il est également chargé du service éducatif des Archives départementales de la Guadeloupe. et participe activement aux travaux de la Société d'histoire de la Guadeloupe.
Buffet:“Roti péyi” avec An tout sòs concept : fruit-à-pain et patate douce rôtis accompagnés de rapés et de vinaigrettes pays.
Le contexte :Retour en 1848, année d’une nouvelle abolition de l’esclavage qui semblait vouloir réparer les outrages à l’humain et reconnaître enfin les esclaves comme des hommes. La République faisait ainsi de la masse des esclaves des hommes libres et des citoyens français. Il fallut en la circonstance donner un nom aux personnes nouvellement affranchie et aux familles ; des commis s’acquittèrent de ce travail pour qu’elles puissent rapidemment user de leur nouveau droit celui de voter.
L’attribution des patronymes fut dans quelques cas une humiliation supplémentaire pour des nouveaux libres. En effet, dans ce cas le nom donné en fait un citoyen marqué dès l’origine par la moquerie. Il n’affranchit pas comme on pouvait l’espérer, il aliène d’une manière plus subtile et plus durable. Et pourtant recevoir un nom, même dans les conditions décrites, était important pour les esclaves…