Frantz Laurac à la première rencontre autour du piano

le JEUDI 24 MAI 2012

 Nous avons rencontré Frantz Laurac qui fait partie des artistes invités à la première rencontre autour du piano 2012 prévue du 04 juin 2012 au 13 juin 2012.

CCnews : En écoutant "Ba Pép La" un de vos titre on entend les rythmes de bèlé et de Gwo ka. On devine même la plainte d'une flûte des mornes sous la forme du jeu magistral de Jussi Paavola à la flûte et au saxophone. Vous avez baigné dans cet univers musical ?

  • Je n'ai pas baigné dans l'univers musical du bèlè. C'est une musique que j'ai découverte très tard. J'étais au lycée et j'ai découvert l'expression bèlè par le "bèlè moderne" et les CD. Effectivement, à l'époque, j'écoutais régulièrement la musique de Bèlènou. Ce groupe m'a particulièrement touché car cette expression profondément martiniquaise me parlait énormément. J'étais aussi fasciné par le travail de Dédé Saint Prix et Ti-Raoul sur le titre "Foumi Fou" parce que  je trouve cette composition très originale...J'ai été été touché par le travail de Eugène Mona et de Marius Cultier. Mario Canonge également (sur l'album "Chawa") a su mettre cette musique en valeur et trouvé un équilibre entre l'expression bèlè et aussi sa vision de pianiste..

    La danse, la vwa dèyè (lé répondè) l'assemblé (etc..) sont des éléments contitutifs qu'on ne peut pas assimiler juste en écoutant des CD !

    Alors pour répondre plus clairement, je n'ai pas évolué dans le monde des soirée bèlè ou des léwoz. Je parle de ce type de soirée en particulier car il y a toute une organisation et des rituels qui sont liés à des traditions. La danse, la vwa dèyè (lé répondè) l'assemblé (etc..) sont des éléments contitutifs qu'on ne peut pas assimiler juste en écoutant des CD. Il y a un esprit, une spiritualité, une manière de vivre autour de tout ça...Ce monde là, je l'ai découvert donc au fil du temps en rencontrant des gens. Donc j'ai toujours entendu cette musique quelque part mais je n'ai pas évolué dans la communauté "Bèlè" ou "Gwoka"...Ceci dit, aujourd'hui, quand je suis au pays, il m'arrive de temps d'accompagner au ti-bwa dans les moman bèlè ou de faire la vwa dèyè..


Ccnews : Le cheminement qui vous a conduit à vivre de la musique.

  • J'ai grandi avec le piano car ma mère était professeur de musique. J'ai donc commencer très tôt à lire la musique. J'ai commencé par la musique classique. En effet, dans ma famille, du côté de ma grand-mère, il y a eu un fort intérêt pour la musique classique. Donc, comme tout le monde, j'ai été amené à jouer Chopin, Mozart, Gershwin etc...J'ai arrêté la musique pendant une période et j'ai été pris de passion par la voile en début d'adolescence car Dostaly (ndlr : quartier du François en Martinique) où j'ai passé mon enfance est un quartier du littoral. Je trouvais une forme de liberté et d'expression que je n'avais jamais connues auparavant et recommençais à chanter les thèmes de musique classique que j'avais appris plus jeune, quand je m'exilais au large en pleine mer.

    J'ai découvert le jazz caribéen avec Marius Cultier, Alain Jean-Marie, Mario Canonge, Michel Camilo, Chucho Valdez et Gonzalo Rubalcaba....


    Au moment de choisir ma spécialité en arrivant au lycée, j'ai choisi l'option musique.  A cette période, j'ai écouté beaucoup plus de musique et j'ai découvert le jazz caribéen avec Marius Cultier, Alain Jean-Marie, Mario Canonge, Michel Camilo, Chucho Valdez et Gonzalo Rubalcaba: pour moi ils restaient les plus créatifs...Une passion est née et j'apprends (à cette période) que j'arrive à écrire ce que j'entends..J'ai travaillé le jazz en autodidacte et j'ai pris également des cours de piano avec un professeur de l'école Suzuki: Valérie Belrose. J'ai donc voulu continuer dans cette direction, BAC en poche, et m’inscrire à la FAC de Bordeaux3 en musicologie. Je me suis parallèlement inscrit au Conservatoire National de Région de Bordeaux. Soucieux de jouer une musique que j'entends, je décide d'aller à Paris pour trouver les bonnes personnes en préparant le CAPES d'éducation musicale en parallèle. J'ai compris rapidement à ce moment, que mes motivations pour la musique étaient beaucoup plus fortes, et à ce moment précis j'ai décidé de me consacrer uniquement à la musique et à mes compositions..