Jonathan Jurion : « tout mizik, sé mizik »
le MARDI 07 AOûT 2007
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Entretien avec Jonathan JURION
Quatuor de jeunes musiciens antillais, Caraïbe To Jazz vient de sortir son premier album qui fait déjà un tabac sur les ondes et se classe parmi les albums les plus vendus en cette période de vacances. Le groupe sera en concert le 16 Août prochain à Lakasa avec Jean-Max Mirval et ses invités. En attendant Jonathan Jurion, le très talentueux pianiste du groupe, nous livre les secrets du son CIIJ
Comment est né CIIJ ?
Jonathan Jurion : Cest un groupe sans leader où tout le monde à sa place, on compose tous. Jai rencontré Laurent Lalsingué (steeldrums) alors quil enregistrait son album sur lequel jai joué quelques morceaux. Il ma alors parlé dun projet de groupe avec Grégory Louis (drums). Nous nous sommes réunis avec Régis Thérèse (bass) pour une première répèt et ça a marché.
Caraïbe to jazz , cest à comprendre comment : « de la caraïbe vers le jazz » comme « inéluctable évolution » ou « contribution de la caraïbe au jazz » comme « souffle nouveau » ?
JJ : Le jazz, cest un moyen dexpression. Dans cet album, la base de la musique cest la Caraïbe. Le jazz nous permet douvrir la musique caribéenne à dautres influences et de la faire voyager.
Quelles sont les principales influences de CIIJ ?
JJ : Ce qui est bien cest quon est tellement différents tous les quatre. Greg écoute beaucoup de gospel, de funk un peu de jazz : cest un groover. Régis, cest aussi un groover, mais pur caribéen. Laurent a fait de la musique classique et écoute beaucoup de calypso. En fait, cest moi le plus jazz dans laffaire. Pour faire cette musique on se sert de nos influences. Alain Jean-Marie, Canonge, sont des modèles pour nous. On nessaie pas de les imiter, mais daller un peu plus loin dans le travail quils ont entamé.
Votre rencontre avec Jacques Schwarz-Bart ?
JJ : On a souhaité quil soit là, il a suivi notre évolution car il a été très tôt au courant de la formation du groupe. Il nous connaît tous individuellement. Greg et moi avons joué avec lui et cest presque normal quon lui demande de participer à lalbum. Cest un honneur pour nous quil soit là. Il contribue aussi à faire voyager notre musique.
On a limpression dune scission entre les générations de musiciens guadeloupéens. Pourquoi ny a-t-il pas plus de collaboration avec les pionniers, les premiers à avoir fait voyager la musique guadeloupéenne dans le registre dit « jazz » tels que Lockel, Conquêt, Kafé, Gwakasonné
JJ : Cest difficile de sinsérer dans un milieu plus ou moins conquis. Les anciens ne nous rejettent pas. Les jeunes se regroupent, cest une question de génération, daffinités, de fraîcheur : on progresse ensemble. Quand jai commencé, jai longtemps été le plus jeune dans tous les groupes où jai joué. Jai eu certaines expériences avec Lavisot notamment. Jai beaucoup appris des anciens, même ceux avec lesquels je nai pas joué. Ils nous laissent faire notre chemin, car eux aussi ils ont fait le leur. Les anciens aiment nous voir faire nos preuves, ils ont peut-être raison. Ils nont pas à nous mâcher le boulot non plus. Cela crée une émulation, ça nous motive.
Mon rêve aurait été de faire une énorme résidence avec tous les musiciens jeunes ou anciens et quil y ait un réel échange entre les diverses générations de musiciens antillais.
Vous avez tous la vingtaine, pourquoi avoir choisit le jazz comme moyen dexpression musicale ? Ce nest pas vraiment une « musique de jeunes » ? JJ : Ce nétait pas prémédité, mais cest ainsi. Notre démarche avec cet album est avant tout culturelle. Non pas que la dancehall ou un autre style dit « de jeunes » ne nous intéresse pas. Sil fallait intégrer du zouk ou de la dancehall on laurait fait : cest de la musique caribéenne, donc ça cadre. Les musiques actuelles nont pas une valeur péjorative pour nous. Tout mizik, sé mizik. Mais, pour cet album on nest pas parti dans cette direction, cela dit on ne sait jamais
Ce serait une chouette idée, dailleurs.
Cest très tendance maintenant davoir recours au ka dans le jazz
JJ : Oui, le ka a été intégré dans le titre Yélalé composé par Régis Thérèse mais comme pour le reste, ce nest pas prémédité. Nous ne sommes pas dans le phénomène de mode. On fait la musique comme elle vient et on lhabille en fonction de notre caractère. Nous nous intéressons à notre culture et navons pas peur de dire doù nous venons.
Vos projets ?
JJ : Faire connaître la musique au plus grand nombre et faire un très bon concert à Lakasa le 16 Août prochain.
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