Sang comment terre Album de Robert Oumaou disponible dans les bacs !
le JEUDI 22 NOVEMBRE 2007
CD offerts dans la zone privilège lessentiel est devenu facultatif car largent et le profit imposent le rythme et donnent le ton de la chanson (
Après la réédition des albums de Gwakasonné lan dernier, on sattendait à un nouvel album du groupe. Surprise ! Cest un album solo que le multi-instrumentiste, auteur-compositeur Robert Oumaou propose : «Sang comment terre». Pour cette uvre réalisée et produite par Golden Ears Label : titre, visuels et thématiques « choc ». Le ton est donné : entretien avec un artiste atypique qui ne mâche pas ses mots face aux maux de ce monde
Ames insensibles sabstenir !
La réédition des albums de Gwakasonné lan dernier, était-elle le chant du cygne ? Gwaka la mò ?
Il y aura un prochain album Gwakasonné : « Klaska ». La réédition nétait pas du tout un chant du cygne, mais plutôt un signe des champs. Seulement je suis du projet et de nature assez patient alors je prends le temps dorganiser en amont. Pour ce qui est de lenterrement du G.K.S. il va falloir ranger les habits
désolé.
Un visuel choc, un titre tout aussi frappant « Sang comment terre »
dites-nous plus sur cette uvre qui est votre premier album solo ?
Deux victimes du même fléau ! Linégalité du partage des richesses de la planète, nous a conduit à ce fameux spectacle vivant. Le fossé se creuse chaque jour davantage et la Guadeloupe sur sa place principale affiche dune manière qui nous était jusquici inconnue et sans embarras, la fierté dappartenir à « ce grand concert de nations civilisées ». Pour cela « lessentiel est devenu facultatif » car largent et le profit imposent le rythme et donnent le ton de la chanson que tout le monde reprend en chur sans même avoir vérifié les accords. Seulement, malgré le flou artistique si pernicieusement orchestré, la question reste posée : « Sachemine t-on vers le noir total avec pour seul témoin le rouge du sang, ou bien existe-t-il encore des hommes sur cette planète ? La terre nous le dira ?!!! En attendant cest arrêt sur image risque de me coûter dêtre jugé pour « prise dintérêt » ou « flagrant délit dobservation ».
Par ailleurs, jinvite tous ceux qui ont travaillé avec moi sur cet album à réfléchir à la nécessité pour nous dans le domaine artistique de contribuer à lélaboration dun dénominateur commun : un accord spirituel hérité du passé afin que lart retrouve toute sa fonction sociale, ici et maintenant; pourquoi pas ?
Dans le livret, deux textes informent sur les méfaits de la malnutrition pour les enfants rachitisme dans les pays sous-développés et obésité dans les pays développés- pourquoi avoir choisit de mettre en avant cette thématique ?
Parce que je suis choqué - parce que la réalité du monde daujourdhui me donne envie de vomir. Surprofit, nouveau Dieu et maître à penser font que :
-840 millions de personnes sont sous-alimentées (799 dans les pays en voie de développement)
-6 millions denfants de moins de 5 ans périssent chaque année des conséquences de la faim
-1 personne sur 5 dans le monde subsiste avec moins de 1$ par jour
Et en Guadeloupe ? Acceptez douvrir les yeux tout simplement. Enlevez vos masques.
Hormis quelques titre et notamment le titre Lévé o ka, magistralement interprété par Gérard Elice dans la « pure tradition Gwakasonné », on a le sentiment dun changement de direction au niveau de vos créations musicales.
Ce nest pas vraiment un changement de direction, cest un complément dinformation puisque sur cet album, il existe des titres qui avaient été composés bien avant Lévé o ka.
Piti ké gran, le titre phare de lalbum, est dédié à Marielle Custos et aux Ti sapoti de lépoque. Nostalgique ? Dites-nous un peu plus sur ce titre ?
Cette chanson à 30 ans dâge je ny ai retouché que quatre mots. Elle était chantée par Marielle Custos. La troupe Ti Sapoti dirigée par Suzy Palatin était composée de bon nombre denfants. Jen étais le coordonnateur et responsable artistique (photographie, musique, poésie, etc
). Il avait Franck Custos, Medhy Custos, Aminata Bory et sa sur, Marylène et Evelyne Troupé, Irène Bicep et bien dautres. A ce moment-là le problème de la pollution était déjà posé. La « planète poubelle » ne date pas daujourdhui. Maintenant, les gens réagissent autrement car ils sont touchés dans leur chair. Donc le mouvement de panique est certain. Mais, attendons de voir le profit à plus dun tour dans son sac, et lhomme est-il encore capable de dire NON ? QUI VIVRA VERRA, QUI
En attendant :
atone
aphone
détonne
clone, déconne.
Lévé o ka est pour sa part dédié à Sonny Troupé
Sonny et moi
Cest une très longue histoire presque sans paroles. Il devait avoir entre 3 et 4 ans quand je lui ai fabriqué son premier ka, KASONIKÉSONNÉ, quil possède toujours. Donc Lévé o ka cest pour lui, ou cest lui. Nous sommes lui et moi les deux seul musiciens à avoir joué sur tous les titres de lalbum et je nai jamais eu à lui dire ce quil fallait quil fasse.
Qui est Eugène Gavarrin à qui vous dédiez le titre très bluesy Mr X ?
Cétait un homme debout ! Fier. Puissant. Il ma appris la psychologie du pays Guadeloupe. Il a fini de mapprendre la Guadeloupe. Son enfance à Saint Louis de Marie Galante
Le pays du début dès années 1900
Lhistoire de la musique en Guadeloupe
Pourquoi il nétait pas parti comme les autres. Très musicien, excellent pédagogue. Les voyages
La guerre
Ses rencontres : Count Basie, Lionel Hampton, son camarade de chambre durant la guerre, le Harlem des années 50, lhistoire du jazz et des jazzmen. Le racisme à Moscou ce qui ne la pas empêché dêtre 1er prix de Moscou à la flûte (il était multi-instrumentiste). Aussi, il était aviateur. Je marrêterai là ; donc vous comprendrez pourquoi il nest et ne sera jamais cité en Guadeloupe. Cest pour cela que je titre cet hommage Mr X.
Renaissance est dédié à Gérard Lockel : cest un hommage au maître ?
Lockel a travaillé sur un chapitre très important du gwo ka et il la mené de main de maître. Pourtant, jai du mal à lire la reconnaissance quon devrait lui attribuer, ça pose léternel problème dans ce pays qui consiste à toujours vouloir tuer le cuisinier à la fin du repas
Et à la lueur dinnombrables exemples qui me viennent à lesprit dans des domaines très divers (culture, sport, recherche, etc
) une interrogation minterpelle : le Peuple élu de la Guadeloupe a t-il déjà été choisi ou est-il en train de lêtre ? Si tel était le cas ne voudrait-on pas uniquement de ce que nous avons et surtout pas de ce que nous sommes ?
Qui sont « les enfants naturels de Colbert » ?
Ils se reconnaîtront, ne vous en faites pas
Parlez-nous des nombreux artistes qui ont collaboré à la réalisation de cet album ? Comment et pourquoi les avez-vous choisi ?
Cest vrai quil y en a beaucoup mais cela répond à une démarche. Ce nest pas GKS, ce nest pas non plus Lanbéli, lon pourrait appeler cela « tout GKS » pourquoi pas ? Cest comme je lai dit plus haut le début de la mise en place ou du renforcement du dénominateur commun. Je les ai choisis par affinité, il en manque dautres mais
Fernand Gabriel qui a été mon professeur de batterie pendant trois ans. Gilbert Coco, il était là au moment où les choses ont démarré début des années 70. Pointe-à-Pitre dans le gwoka. Jean Marie Lurel, Jean Claude Descieux, Eddy Latour, Olivier Vamur, Michel Sylvestre, Gérard Foggéa, François Ladrezeau, Aldo Middleton, Klòd Kiavué, Aurel Thams, JM Samba, Sonny Troupé, Harry Baltus, Ramon Pyrmée, Jean Miuchel Lesdel, Luther François, Yvan Juraver, Nathalee Jeanlys, Lucien Troupé, Félix Francfort, Kolémaya, Jean Claude Calabre, Daniel Hippon, Joël Nankin
Pour les choristes Eric Dalphrase, Alfred Ventou-Dumaine, Coretta Moueza, Brigitte Blonbou, Francelyse Bagassien, France Séremes
Votre rencontre avec Nathalee Jeanlys ? On ne la connaissait pas dans le registre gwoka
Jai rencontré Nathalee de la part de Harry Baltus que jai connu sur le stage « Musique et Santé » à l hôpital suivi dintervention au CHU et à lhôpital de Marie Galante
elle sintéresse à la musique gwoka, le chanteur attiré du Gwakasonné nest pas très disponible, je suis en train de préparer lalbum. Bref, concours de circonstance, le plus simplement du monde.
Travailler avec un producteur, cest une première pour vous ?
Contrairement aux albums du GKS, cest la première fois que je travaille avec un producteur. Olivier Mathurin, cest quelquun envers lequel javais une « dette », un rendez-vous raté qui remonte à au moins 18 ans, jespère mêtre bien rattrapé et cela dit tout sest bien passé nous navons pas eu à ne pas nous comprendre et le résultat est là.
Vos projets ?
Chose curieuse vous mavez posé 13 questions et il y a trois jours, alors que je faisais linventaire du travail que jeffectue, jai remarqué que je menais de front 13 «chantiers artistiques « personnels et authentiquement guadeloupéens » dans des domaines différents. Pour avoir une idée GKS est un des chantiers et il nest pas le plus important.
Cela dit au cours des 30 dernières années, jai amassé beaucoup de matière. Je pense avec laccord du plus grand pouvoir faire fructifier tout cela. Jai limpression que le moment est venu. « NI APRÈS, NI AVANT LHEURE NEST LHEURE ».
PS : En 1981 GKS avait été contacté pour le Festival dAngoulême. Nous avions refusé à lépoque et avions passé le témoin à Kafé. En 2009, GKS aura 30 ans, cela me donne une idée
à suivre. Je reprendrais très probablement au cours du spectacle à venir ; suite à cet album, le concept initié au Centre des Arts en 1980 avec le GKS : musique, peinture, chorégraphie, sketch, poésie, projection vidéo, etc
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